Les trois leçons de la faillite de Northvolt

Une gigafactory de batteries, des milliards d'euros levés, une technologie prometteuse, un soutien politique massif : pourquoi Northvolt a-t-il failli sur le chemin pavé de bonnes intentions de la conquête industrielle européenne ?

Les raisons sont de deux ordres : stratégiques, avec un projet qui a vu trop grand, trop loin et trop vite, et systémiques, avec des failles dans le soutien au passage à l'échelle des cleantech révélées au grand jour.

Nous avons perdu une bataille, mais nous pouvons en tirer trois leçons précieuses pour enfin passer à l'échelle des technologies propres souveraines, et faire émerger de vrais champions européens de la mobilité électrique capables de rivaliser avec les plus grands comme CATL ou BYD :

1) Être humble.
Mieux vaut viser la maîtrise technologique que la démesure. Northvolt a voulu courir avant de marcher. Avançons pas à pas avec nos acteurs industriels encore émergents comme Verkor et ACC - Automotive Cells Company. Concentrons nos efforts sur la montée en charge industrielle. Le mot d'ordre c'est focus !

2) On dépend toujours des autres.
Leurs machines - et leurs techniciens qui les maîtrisent -, leurs financements, leurs talents... l'Europe accuse un retard face à la Chine et aux États-Unis. En tant que pionnier, Northvolt n'a pas échoué seul, il a manqué d'un écosystème européen.

3) Une prise de conscience.
Réindustrialiser après des décennies de désindustrialisation est difficile. Et ça ne se fait pas à coups de bonus à l'achat de véhicules électriques nationaux aléatoires, qui sont ensuite brutalement supprimés comme en Allemagne. Un bonus européen serait bien plus puissant pour toute la filière et plus juste pour tous les citoyens européens.

Les signaux sont encourageants et une vraie prise de conscience est en marche, avec le Clean Industrial Deal et le plan automobile en cours de discussion. Mais nous devons encore faire tomber des tabous : nos champions européens ont maintenant besoin d'aides à la production, pas seulement à l'installation. L'IRA américain l'a bien compris et c'est sa force : soutenir massivement la production est clé pour réussir le passage à l'échelle de nos technologies propres souveraines.